Ce catalogue est publié à l'occasion de l'exposition«Robert Delaunay. Rythmes sans fin» présentée du 15 octobre 2014 au 12 janvier 2015 au Centre Pompidou à Paris. «C'est en effet dans un contexte plus général, de crise de la modernité (déroute des modèles économiques, défaite des régimes démocratiques et dérives autoritaires des totalitarismes…) qu'est réinterrogée, au cours de ces années "menaçantes" (1935-1939), l'ambition humaine de l'art, alors que les avant-gardes collaborent ou s'opposent aux desseins des nouveaux régimes installés en Europe. Rythme sans fin. Le désir des "grandes surfaces" qui motive notamment, en janvier 1935, la création de l'association artistique L'Art mural à laquelle Delaunay va très vite adhérer, s'inscrit dans cette situation d'urgence. Il appelle, par antidote, un retour pragmatique de l'humain dans le projet de la modernité: favoriser la diffusion des pratiques murales et collectives de la peinture, réconcilier le public avec les artistes en proposant une expression monumentale pleinement humaine et sociale.

Robert Delaunay. Rythmes Sans Fin

» Sonia Delaunay et le contraste simultané Les couleurs sont, en effet, caractéristiques des œuvres de Sonia Delaunay: on a, par exemple, associé son travail des premières années au fauvisme* ou au primitivisme**. Cette artiste est principalement connue pour ses patchworks colorés qu'elle a su décliner en peinture, en tapisserie, en design et dans la mode. Cependant, elle est également une peintre accomplie à la recherche de l'expression de la peinture pure. Ce langage pictural des couleurs est le concept fort des travaux de Sonia Delaunay qui se veut interprète, traductrice de la vie, des sentiments, des textes ou de la musique en peinture. Robert Delaunay. Rythmes sans fin. Elle souhaite avec les couleurs dire ce que le verbe exprime. Elle associe, par exemple, la musicalité des vocalises aux rythmes des couleurs: rythmes qui sont créés par le contraste simultané des couleurs, comme nous pouvons le constater dans certaines de ses œuvres telles que le Bal Bullier ou le Chanteur de Flamenco, Grand Flamenco. Sonia Delaunay, Bal Bullier, 1913, huile sur toile matelas, 97 x 390 cm, Collection d'art moderne du Centre Pompidou, Paris, France.

Sonia Delaunay – Lithographie « Danse, Rythme Sans Fin », 1923 – Hep Galerie

- Paris: Editions des Musées nationaux, 1976 (sous la dir. de Michel Hoog) (cat. n° 112 cit. 122 et reprod. 123). N° isbn 2-7118-0035-0 Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky L''Art dans les années 30 en France: Saint-Etienne, Musée d''art et d''industrie, mars-mai 1979 (sous la dir. de Jacques Beauffet et Bernard Ceysson) (cat. n° 71 reprod. 91) Robert/Sonia Delaunay: Tokyo, National Museum of Modern Art, 9 novembre-23 décembre 1979 (cat. n° 35 cit. Sonia Delaunay – Lithographie « Danse, Rythme sans fin », 1923 – HEP Galerie. n. coul. ) Robert e Sonia Delaunay 1885-1941, 1885-1979: Lisbonne: Fundaçao Calouste Gulbenkian, 15 décembre 1981-31 janvier 1982 (cat. n° 36 reprod. ) Robert y Sonia Delaunay: Madrid, Fundacion Juan March, 15 février-31 mars 1982 (cat. ). N° isbn 84-7075-232-4 Delaunay und Deutschland: Munich, Staatsgalerie Moderner Kunst. - Cologne: DuMont Buchverlag, 1985 (cat. n° 123a cit. 326-327, 383). N° isbn 3-7701-1774-3 Robert et Sonia Delaunay, le centenaire: Paris, Musée d''art moderne de la Ville de Paris, 14 mai-8 septembre 1985.

bB Dans l'œuvre du Bal Bullier de 1913, Sonia Delaunay évoque le « dancing » parisien, activité que le couple pratique également. Cette œuvre de grande dimension, près de 4 mètres de long, présente une temporalité particulière qui induit des lectures de l'œuvre différentes. En effet, sa taille ne permet pas au spectateur d'embrasser l'ensemble de l'œuvre d'un seul regard, qu'il découvre alors de manière séquentielle. Ces séquences dans le déroulement de l'œuvre sont insinuées par les différents contrastes de couleurs qui composent à la fois les corps en mouvement et l'espace dans lequel ils évoluent. On retrouve l'image du patchwork avec des aplats de couleur géométriques, carrés ou rectangulaires qui délimitent l'espace de l'action. Les corps sont, quant à eux, plus voluptueux. Rythme sans fin delaunay. Cette distinction entre l'espace et l'action constituent plusieurs rythmes: le mouvement des corps et la temporalité de la danse. Ainsi, cette rythmisation de l'espace induit plusieurs interprétations: on peut y voir un seul couple qui se déplace, ou on peut estimer qu'il s'agit de plusieurs couples enlacés à des endroits différents.