Que seraient les conversations d'ivrognes sur Jo le Trembleur et Lulu la Nantaise sans les mines génialement abruties de Lino Ventura, Bernard Blier ou Francis Blanche? Les pédanteries d'Antoine sans la préciosité facétieuse et les rires de gorge de Claude Rich? Boutique tontons flingueurs de la. Et la tirade: « Écoute, on te connaît pas, mais laissenous te dire que tu te prépares des nuits blanches, des migraines, des nervousses brèquedonnes, comme on dit de nos jours » sans l'air de chien battu de Jean Lefebvre, qui contredit sublimement ses intentions menaçantes? Puisqu'il faut bien, tout de même, tenter d'expliquer un succès par nature inexplicable, à quoi l'attribuer? À ces comédiens donc, qui ont su garder, 50 ans après, la sympathie du public: de Claude Rich, éternel jeune homme du cinéma français, à Bernard Blier, qui a sauvé de sa verve un nombre de navets aussi incroyable que celui des chefs-d'oeuvre qu'il a illustrés de sa rotondité faussement joviale; de Francis Blanche, le plus baroque de nos génies comiques, à Lino Ventura, très grand monsieur à la ville comme à l'écran.

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© L'affiche du film Si le film n'a pas été tourné dans la cité d'Ingres, une phrase est pourtant restée dans les mémoires « On ne devrait jamais quitté Montauban ». Cette phrase lancée par Lino Ventura est devenue culte mais pour l'anecdote le réalisateur Georges Lautner souhaitait mettre en avant une ville de province, en trois syllabes et son choix s'est porté sur notre ville du sud-ouest. On ne devrait jamais quitter Montauban

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Avec 470 000 entrées en six mois en région parisienne, le film fut un honnête succès, sans pour autant "casser la baraque" (nul doute que Mme Mado aurait incriminé la concurrence de la télé, sur les cinémas comme sur son claque: « Ce n'est pas que la clientèle boude, elle a l'esprit ailleurs. Le furtif, par exemple, a complètement disparu. Le client qui vient en voisin: bonjour mesdemoiselles, au revoir madame. Les Tontons Flingueurs | Montauban Tourisme. Au lieu de descendre après le dîner, il reste devant sa télé, pour voir si par hasard il ne serait pas un peu l'homme du XXe siècle. ») La critique, elle, fut sévère, à l'exception du Figaro, qui salua un « modèle de conte noir traité sur le mode burlesque »; mais le Monde vit dans ce « cinéma digestif » le signe de « la dégradation du comique cinématographique » et Henry Chapier, dans Combat, lança aux auteurs: « Vous pavoisez haut, mais vous visez bas. » Le film aurait bien pu d'ailleurs ne jamais voir le jour, du moins sous cette forme. Rappelons que le roman originel d'Albert Simonin, Grisbi or not grisbi, en dépit de son titre, n'avait rien de comique.